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Décryptages - Blog politique
4 mars 2007

Paul is Blank

paul

Mr. Blank ne sait plus où il habite ni à quoi il sert. Enfermé dans une chambre qui fait penser à une scène de Z ou de L'aveu, déboussolé, confondant le jour et la nuit, totalement amnésique, drogué, Mr. Blank fait peine à lire. C'est une page blanche, sans passé, sans histoire, et son avenir se construit de mots alignés les uns après les autres, au gré des idées de l'auteur que l'on devine, caché derrière le verrou de la porte close de la chambre.

Alors Mr. Blank prend forme, non pas humaine mais littéraire. Il existe mais n'est jamais libre. Prisonnier de son créateur, il continue de se débattre, cherche les issues, suit les pistes dans l'espoir de découvrir sa raison d'être et se heurte lamentablement aux quatre murs qui délimitent son univers. Pitoyable marionnette. C'est une naissance à laquelle on assiste mais c'est un enfantement dans la douleur. La souffrance est là en permanence, comme si elle était l'indispensable catalyseur de la création artistique.

Paul Auster nous décrit la création vue de l'intérieur, en se mettant dans la peau du personnage. Mais il n'y a pas de magie, pas d'artifice, nous sommes loin de la Rose Pourpre du Caire, le héro ne crèvera pas l'écran pour venir se mêler à ses lecteurs, les deux mondes restent clos.

Vingt après sa trilogie new-yorkaise, Paul Auster remet en scène tous ses héros dans un roman étrange mais finalement décevant. Pour les familiers de son oeuvre, on comprend bien vite, trop vite, le fil qu'il tire dans cette historiette. Anna est évidemment Anna Blume, nul besoin d'attendre cent page pour en avoir la confirmation. Mais on ne retouve pas ici le plongeon sans espoir dans le labyrinthe du Voyage, l'angoisse identitaire de la Cité de Verre, les petites musiques du hasard, la folie de Léviathan, les étranges coincidences et retouvailles du Livre des Illusions. Dans le Scriptorium est une feuille blanche bien trop transparente pour que l'on s'y perde avec délectation comme dans les meilleurs romans de Paul Auster.

Voilà une bonne raison de se replonger dans les vieux bouquins enfouis au fond de la bibliothèque ...

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