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Décryptages - Blog politique

23 mai 2007

Colombani ... c'est fini

colombani

48% !

C'est un point de mieux que Ségolène mais très loin d'être suffisant pour rester à la tête du journal Le Monde.

C'est certes pour des raisons essentiellement stratégiques et économiques que la rédaction du Monde a refusé au quasi-monarque un troisième mandat, mais ne boudons pas notre plaisir ... l'homme qui savait tout et qui voulait expliquer aux français ce que c'est que la démocratie ne dirigera plus le saint des saints de la presse écrite.

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20 mai 2007

La vérité sur la planète ?

kilimandjaro

Dans son dernier livre, "Ma vérité sur la planète", Claude Allègre règle ses comptes avec Nicolas Hulot. Sous le masque sympathique de l'animateur d'Ushuaïa, il nous fait découvrir le vrai visage d'un apôtre de la décroissance, de la haine de soi et du "retour à l'âge des cavernes". Après la mascarade de la signature unanime du Pacte écologique par tous les prétendants à la présidence, voilà enfin une vision rationnelle, raisonnable, scientifique des problèmes écologiques qui fait du bien. Loin du catastrophisme ambiant, loin de la mousse médiatique, Allègre reprend les problèmes un par un pour nous donner sa vérité sur la planète. Une vérité qui est loin d'être toute rose mais qui tourne le dos à la culpabilité des écologistes fondamentalistes.

La situation est grave. L'espèce humaine exploite les ressources naturelles au-delà du soutenable, pollue les océans, ponctionne un quart du débit des cours d'eau au risque de les assécher, rejette toujours plus de déchets dans l'atmosphère, détruit des milliers d'espèces vivantes et reduit la diversité biologique indispensable à long terme au maintien de la vie. Bref, l'homme, par son activité, par sa démographie, met sa planète et son propre avenir en grand danger. Sur le constat, Allègre et Hulot ne sont pas si éloignés. Ils le sont en revanche totalement sur les remèdes.

D'abord sur le plan philosophique. Là où les écologistes purs et durs idéalisent la Nature en tant que telle, considèrent l'espèce humaine comme un de ses sous-produits et mettent les animaux ou les plantes au même rang que l'homo sapiens, Allègre cherche avant tout à faire en sorte que "l'Homme vive mieux sur sa planète". L'Homme est au centre de sa réflexion. Il faut protéger la Nature pour l'Homme. Là où Hulot et ses amis culpabilisent les humains et voudraient les voir expier leurs péchés en entrant dans une phase de jeûne, de repentance et de "décroissance", Claude Allègre ne cesse au contraire de mettre au premier plan l'intelligence, la recherche, le désir impérieux de comprendre, le progrès, le sens de l'Histoire, tout ce qui fait la particularité de notre espèce unique.

Ensuite sur le plan économique. En supposant même que les propositions contenues dans ce fameux Pacte écologique soient pertinentes, l'ancien ministre de Lionel Jospin démontre assez clairement qu'elles sont irréalistes et dangereuses. Irréalistes d'abord parce que réduites à notre seul pays alors que le problème écologique est évidemment global. Irréalistes parce qu'aveugles quant à la marche du monde, au besoin de développement des pays du Sud, au désir inaliénable de la Chine ou de l'Inde de rattraper leur retard sur le monde développé. Irréalistes enfin parce qu'Allègre est convaincu qu'il n'y a pas de projet humain qui ne soit viable s'il n'est pas économiquement acceptable. Et le retour en arrière ne l'est pas.

Et ces propositions sont aussi dangereuses. Parce que la décroissance serait synonyme de chômage massif. Parce que la seule façon de parvenir à réaliser ce projet serait de l'imposer. Probablement par la force. Hulot ne s'en cache pas lorsqu'il dit que "le temps des discussions est terminé". Dans le chantage à la candidature, on voit poindre cette tentation du totalitarisme vert.

Enfin, mais c'est à mon sens la partie la moins convaincante, sur le plan climatologique. Allègre ne croit pas au scénario du Global Warming (il est d'ailleurs amusant de constater qu'on parle dans le livre de Global Warning, le "m" s'étant transformé en "n" pour fabriquer l'un de ces lapsus aussi amusant que révélateur). Il explique, de façon pas toujours charitable, comment les météorologistes, découvrant leur incapacité à prévoir le temps qu'il fera dans une semaine, se sont mis à essayer de prévoir le climat que nous aurons dans un siècle. C'est évidemment moins risqué !

Quel est le raisonnement du spécialiste de la tectonique des plaques : on exagère les risques de réchauffement climatique, une augmentation de deux degré de la température moyenne en Europe n'aurait pas de conséquences dramatiques, il y a un comportement hystérique autour de ce sujet, alimenté par des chercheurs satisfaits d'attirer l'attention sur leur spécialité et par des médias qui ont fait du catastrophisme leur fonds de commerce. Pour Claude Allègre, s'il existe bien un changement climatique majeur, il est peu probable qu'il ne soit dû qu'à des conséquences humaines. De plus, sa principale manifestation est plus la multiplication des événements extrêmes (innondations, sécheresse ...) qu'une augmentation massive des températures à la surface du globe. Encore une fois, les arguments du chercheur sont ici, si je peux me permettre, un peu tirés par les cheveux. Allègre explique en détail dans un autre chapitre comment l'activité humaine a pollué les océans, on comprend difficilement pourquoi il ne pourrait pas en être de même pour le climat.

En revanche, la dérive hystérique est incontestable. Pour preuve, l'exploitation poético-lyrique de ce fameux cliché de Yann Arthus Bertrand montrant le sommet du Kilimandjaro privé de ses neiges éternelles. D'une part, les neiges sont de retour cette année. D'autre part, Allègre nous explique que la fonte des neiges du plus haut sommet d'Afrique n'est pas dû au réchauffement climatique mais à la désertification.

Mais que propose donc Claude Allègre ? Réagir calmement. Comprendre avant d'agir. Faire confiance au progrès. En résumé, il faut que notre intelligence compense la baisse des ressources de la planète. L'énergie de l'intelligence humaine. Il faut faire le pari d'une croissance tirée par l'écologie plutôt qu'imposer une décroissance. Dans "développement durable", il faut réhabiliter le développement. Au risque de choquer et de provoquer, Allègre explique comment l'avenir écologique de la planète dépend sans doute de notre capacité à maîtriser deux technologies essentielles : l'énergie nucléaire et le génie génétique. Le nucléaire et les OGM comme solution à l'effet de serre, à l'explosion de la quantité de déchets urbains, au problème de la répartition de l'eau potable.

Un refus obstiné de l'obscurantisme. Une vérité qui dérange et qui rassure.

18 mai 2007

Excommunié !!

kouchner

Fançois Hollande l'a dit Urbi Et Orbi : "Kouchner n'est plus membre du PS". L'excommunication du French Doctor se fera donc très vite, le procès en sorcellerie droitière ayant été instruit dès les jours précédents son entrée dans le gouvernement hérétique de François Fillon.

On est ainsi rassuré. La Confrérie des Eveillés chère à Jacques Attali n'infiltrera pas la sainte famille socialiste. La pureté des convictions est sacrée. Besson, Védrine, Hirsch, Kouchner, Allègre, Jouyet, Baylet : ce ne sont peut-être que des "aventures personnelles", mais tout de même, ça fait désordre. Et quand on ne comprend pas ou quand on ne veut pas comprendre, le bûcher politique est encore la meilleure arme. Exit les dangereux conspirateurs avec l'ennemi. Dehors les petits soldats de "l'ouverture". Silence dans les rangs. Il y a encore quelques meubles à sauver du déluge sarkozyste, quelques sièges à conserver dans le raz-de-marée qui s'annonce, quelques éléphants à protéger pour maintenir autant que possible une bio-diversité politique au Palais Bourbon.

En réalité, à gauche et au centre, c'est un désastre. Par compassion, je vais arrêter de tirer à boulets rouges sur ce pauvre PS dont la seule solution de survie semble être de canoniser définitivement Ségolène Royal et d'en faire son étendard pour les dix ans qui viennent.

Mais que dire des Verts, qui avaient survécus tant bien que mal à leurs dérisoires batailles intestines et qui ont été achevés par la honteuse fausse-vraie campagne du démag-hulot. Et dont le rêve d'un vrai grand ministère de l'écologie se réalise sans eux.

Mais que dire des Dons Quichottes de l'extrême gauche, communistes, trotskystes et autres alter-machins en tout genre, réduits en miettes par le vote utile et qui assistent médusés à l'entrée du président d'Emmaüs France dans un gouvernement sensé être l'incarnation même du diable.

Mais que dire de ces radicaux radicalement déboussolés, noyés dans le magma socialiste, baillonnés par des accords électoraux pitoyables, alors même que celui dont ils sont sans aucun doute les plus proches est aujourd'hui Ministre de l'économie, des finances et de l'emploi.

Mais que dire enfin de ce MoDem qui n'est connecté à rien et qui tente désespérement de garder le contact avec le monde politique réél. C'est un MoDem en mode WiFi. Mais par ici, ça ne capte pas très bien ... Un mouvement politique qui n'arrive pas à sublimer sa vocation d'écurie présidentielle d'un seul homme, fut-il providentiel, ne représente pas grand chose. Or, au MoDem, les rêves passent (celui de Quitterie Delmas par exemple, égérie bayrouienne du web pendant la campagne qui doit laisser sa place pour les législatives) et les manoeuvres politico-politiciennes reviennent vite au goût du jour. Que dire de ce MoDem dont l'ossature a disparue pour devenir une banlieue de l'UMP et dont le chef des parlementaires à troqué sa casaque orange contre un maroquin de ministre régalien. Que dire d'un parti dont l'espace se réduit chaque jour entre un PS méprisant et un Président qui se paie le luxe de faire ce que Bayrou pensait être le seul à pouvoir faire : réunir des personnalités de droite, du centre et de la gauche autour d'un même projet.

C'est un champ de ruines. Excommunier n'y changera rien.

12 mai 2007

Revenir à l'essentiel

gauche_centre

Reconstruction. Voilà le dernier leitmotiv des battus. Reconstruire la politique, le mouvement et la démocratie. Bâtir une alternative. Créer un nouvel espace au centre et à gauche capable de proposer une offre politique claire, cohérente, crédible, moderne, débarrassé des vieilles lunes gauchistes.

Quelles sont les leçons des élections présidentielles dans ce contexte ?

La première n'est pas nouvelle mais devient désormais une évidence : le PS n'est pas un Phénix, il ne renaîtra pas de ses cendres. Son "logiciel", comme dit Kouchner, est détraqué, passé de mode, incompatible avec le monde réel. Ecartelé entre les tenants archaïques d'une gauche pure et dure (que ce soit par conviction comme Emmanuelli ou par les détours d'une tactique discutable comme Laurent Fabius) et les nouveaux socio-démocrates qui n'ont enfin plus honte de dire qui ils sont, le PS se meurt, s'enfonce, disparait. Dirigé depuis dix ans par un homme inconsistant, sans autre vision que celle des manoeuvres d'appareils, ce parti ne sera pas le coeur du renouveau. Même les jeunes trentenaires y sont pervertis par des années de combinaisons et de courants destructeurs.

Il y a cependant au sein du PS des acteurs incontournables dans ce paysage. Au moins deux . Ségolène Royal et DSK. La bagarre entre ces deux-là va être dure. Ségolène avance avec la légitimité relative des 47% de français réunis au second tour, DSK lui oppose le côté précurseur, avant-gardiste de la social-démocratie. Celle qui a su prendre, bien que maladroitement, le virage de l'ouverture au centre entre les deux tours face à celui qui avait raison avant les autres.

La seconde leçon est la victoire de la bipolarisation. Ni droite ni gauche n'est pas un discours tenable. Je le dit d'autant plus facilement que, si j'ai voté Bayrou au premier tour, j'ai toujours pensé que le centre était une aventure qui menait à autre chose. Je l'ai écrit dès le mois de février :

"Et si ce fameux parti démocrate dont parle Bayrou n'était pas ce ramasse-tout centriste que beaucoup craignent ? Si son ambition était tout simplement de créer le véritable parti d'alternance aux conservateurs, comme c'est le cas aujourd'hui chez presque tous nos voisins ? Si l'aventure de Bayrou n'avait d'autres objectifs que de changer d'époque, de créer un autre pluralisme, plus serein, plus calme, moins arc-bouté sur des idéologies dépassées ? Si cette campagne présidentielle était enfin l'occasion de mettre au rencart un Parti socialiste dépassé par les événements, incapable de se ré-inventer, figé sur des postures d'un autre temps ? Si Bayrou réussissait finalement ce qu'aucun dirigeant de la gauche de gouvernement n'a réussi à faire, depuis l'échec de la deuxième gauche jusqu'à la bérézina de Jospin et la défaite de DSK : réformer, moderniser, abandonner les chimères anti-capitalistes de la vieille garde et de ses rejetons, affronter le monde tel qu'il est, cesser de se mentir à soi-même et aux électeurs ?"

Je n'ai pas changé d'avis. L'avenir du Mouvement Démocrate, purifié de ses éléments les plus à droite, est dans une opposition claire à la droite conservatrice. Cela implique d'abandonner les figures imposées de la présidentielle. Abandonner l'extrême centrisme. Ne pas rejouer cet entre deux tours désastreux où Bayrou était enfermé dans sa propre nasse : incapable de soutenir qui que ce soit, réduit à souligner les dangers des deux projets en lices, forcé de paraître pour ne pas disparaître.

Personne n'est dupe. Pour exister, pour avoir des élus dans la future Assemblée, le MoDem doit lui aussi trouver la bonne fréquence. Une véritable alliance, non pas avec le PS d'aujourd'hui, mais avec ceux qui veulent faire du PS un véritable mouvement social-démocrate, est la seule voie possible. Il faut le dire. Maintenant. Bien avant le premier tour des législatives.

Que le PS se rénove (je n'y crois pas), qu'il explose en deux morceaux (un parti social-démocrate et un parti socialo-communiste) ou que les forces modernes du PS rejoignent un Mouvement Démocrate qui ne serait plus seulement l'écurie présidentielle de François Bayrou, peu importe. Mais il faut que l'objectif soit clair : créer une force du centre et de la gauche moderne. C'est possible. Mais, comme à droite avec Sarkozy, comme dans les autres démocraties européennes avec Blair ou Zapatero, comme dans le passé à Epinay avec Mitterrand, il faudra sans doute qu'un homme ou une femme s'impose, prenne le leadership sans conteste de cette nouvelle stratégie. Il faudra que cette aventure s'incarne. Bayrou ? DSK ? Royal ? Les candidats ne manquent pas. En auront-ils la force, l'audace, la chance ?

11 mai 2007

La belle vie

inerney

Autant « Windows on the World » de Frédéric Beigbeder était précipité, voyeur, malsain et égocentrique, autant « La Belle Vie » de Jay Mc Inerney est subtil, intelligent et profond. Autant le dandy français échouait à nous faire croire qu’il suffit d’écrire à la va-vite 200 pages en s’installant au sommet de la Tour Montparnasse pour capter la détresse et l’horreur vécue par les new-yorkais, autant Mc Inerney parvient lui à s’arracher de sa vie, de sa ville, du lieu même de la catastrophe pour nous livrer un vrai questionnement universel sur le sens de nos vies, sur le sens de l’Histoire, sur la culpabilité, sur les choix qui nous taraudent, sur la futilité d’une société de l’apparence dont il a été, depuis vingt ans, l’un des symboles littéraires.

« La Belle vie » est à la fois un réquisitoire sévère et un constat désabusé. Celui d’une génération qui découvre à la quarantaine que ses réussites sont le miroir de ses déboires. Celui d’une civilisation dont la ville-monde new-yorkaise est une caricature et qui perçoit à quel point elle est vulnérable. Celui d’un monde presque autiste, endormi dans ses certitudes, qui s’est refermé sur lui-même et que l’agression extérieure vient soudain bouleverser. Les attentats du 11 septembre n’y sont qu’une toile de fonds tragique. Juste un décor lugubre, surnaturel, inhumain. Le théâtre de nos vies, de nos désirs, de nos doutes, de nos ambitions, de nos échecs. Juste un révélateur, un accélérateur de trajectoires. Un mur auquel on se heurte dans un fracas de cri et de pleurs. Un choc qui questionne, qui réveille, qui bouscule. Un deuil collectif. L’Histoire qui façonne nos petites histoires.

Où est la morale dans nos vies survoltées de citadins avides de pouvoir et d’argent ? Que deviennent nos rêves de splendeur dans les ténèbres de la haine des autres et de la haine de soi ? Peut-on continuer de vivre normalement dans un monde qui s’écroule à nos pieds ? Que pèsent nos compromis et nos renoncements dans le feu et les cendres ? Peut-on changer de route au milieu de la traversée ? Des questions que Mc Inerney fait surgir du jour d’après, comme si Ground Zero n’était pas seulement un lieu mais une sensation, un état intérieur. Comme si la dévastation de nos âmes étaient finalement la plus évidente, la plus douloureuse, la plus dangereuse. Les couples s’égarent. Les familles implosent. Les adolescences s’abiment en révoltes désespérées. Les amitiés sont le terreau des pires trahisons. L’amour est un merveilleux mystère. Et la vie continue. Show must go on. Le vacarme des sirènes s’éloignent, les poussières et les cendres s’éparpillent, la douleur elle-même s’estompe. Seul change le poids plus lourd et la conscience plus vive de nos sacrifices.

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8 mai 2007

Comme un doute ...

sarkozy-pave.jpg

Une question s'impose 48 heures après l'élection de Nicolas Sarkozy. Qui est anti-démocratique ? Qui refuse le verdict des urnes ? Qui est violent ?

Je l'ai écrit ici à plusieurs reprises : les arguments du TSS portaient en eux les germes de ces étincelles violentes et n'ont fait qu'attiser la haine anti Sarkozy. Aujourd'hui, François Hollande appelle à utiliser les urnes lors des prochaines législatives et non la violence mais n'est-ce pas un peu tard ? Après les propos irresponsables de la candidate socialiste qui pointait du doigt les dangers de l'élection du candidat UMP juste avant le deuxième tour, il y a comme un mauvais doute qui subsiste.

Le plus inquiétant, c'est que le TSS de la campagne se transforme en une sorte de mouvement de résistance, avec des initiatives aussi stupides que le site www.vivreavecsarkozy.com. Un site particulièrement indulgent envers les casseurs où l'on peut lire par exemple : "Pas sur que la violence soit la meilleure des solutions…"

Ah bon, pas sur ? Mais pas sur non plus du contraire ?

7 mai 2007

Risque d'émeutes ... rue de Solférino

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7 mai 2007

Un dimanche comme les autres

election

Voilà. C'est fait. Tous ceux qui nous assurent depuis des mois que les Français haïssent Sarkozy ont eu tort. Bien entendu, ils ne le reconnaitront pas. Ils se réfugieront derrière leur discours de suspicion et de complot. Ils diront (ils disent déjà) que les médias et les instituts de sondage ont fait l'élection, que les français ont été dupés. Ils poursuivront dans leur rhétorique du danger et de la peur. Ils brandiront les menaces pour la démocratie, les risques liés à la concentration des pouvoirs, le culte du chef. Ils resteront enfermés dans leur logique dangereuse qui faisait dire à celui qui se cache derrière François Mitterrand sur son blog : "le 6 mai, les Français auront le choix de rompre ou non avec l’héritage de 1789." Rien de moins. Ils continueront de voir en Nicolas Sarkozy, non pas le nouveau Président démocratiquement élu d'un pays qui s'est mobilisé, qui a renoué avec la politique mais seulement "sa police à la Fouché, (...) sa presse à la Bonaparte et (...) son christianisme à la Pie XII."

Ils n'ont rien compris. Aveuglés par leur pensée unique et par les éditoriaux de Jean-Marie Colombani, ils n'ont pas vu venir ce rejet de l'inconsistance, du flou, du raccommodage à la va-vite entre des socio-démocrates européistes et des nonistes de la gauche extrême. Ils n'ont pas compris que les français ont besoin d'un cap, d'une cohérence, d'une volonté, d'un programme, d'une équipe, d'un leader. Et que Ségolène Royal et le PS n'offraient absolument rien de tout cela. Ils n'ont pas compris que les français en ont assez des propos bien-pensants de la gauche caviar parisienne et que ses grands discours sur les catastrophes qui les attendent s'ils votent non à la Constitution européenne, ou s'ils votent oui à Sarkozy, ne leur font plus peur. Ils n'ont pas compris que les français veulent comprendre ce qui les attend, qu'ils rejettent les discours convenus, les beaux sentiments, les envolées lyriques. Ils veulent du concret. Ils veulent croire que des solutions pratiques existent.

Sarkozy leur a offert cet espoir et cette cohérence. Le TSS n'a pas fonctionné et c'est tant mieux. C'était un discours indigne d'un parti démocratique et d'une candidate qui se prévalait d'une certaine morale en politique. Il n'y a pas eu d'émeutes à grande échelle hier soir. Sauf peut-être dans l'enceinte de la rue de Solférino ...

Je n'ai pas voté hier. Parce que je ne croyais pas que l'enjeu de ce vote était la démocratie elle-même. Parce que je ne pensais pas que la modification de nos institutions (fut-elle nécessaire) était une convergence suffisante pour faire gouverner ensemble Bayrou et Royal. Parce que, en homme de gauche, j'avais honte de ces appels à l'insurrection lancés par la candidate du PS. Parce que l'enjeu de la modernisation de la France me parait majeur et que les socialistes n'en ont toujours pas compris le début du commencement. Mais aussi parce que je ne pouvais pas non plus me résoudre à déposer dans l'urne le bulletin d'un candidat dont la vision de la société est si différente de la mienne. Parce que je n'étais pas en phase avec ce recours systématique à l'autorité comme une pierre angulaire. Parce que je crois que l'identité nationale peut s'exprimer avec plus de calme.

Je pense enfin que, même s'il n'a pas exprimé de consigne de vote, François Bayrou est allé trop loin dans le camp des anti-sarkozystes, qu'il est allé trop loin dans ses critiques sur le verrouillage du monde des médias, qu'il est allé trop loin dans ce qui peut déjà apparaître comme les petits arrangements politiciens des législatives à venir. Il peut jouer un rôle important dans la refondation de la gauche sociale-démocrate à condition de créer une véritable alternative, pas en acceptant d'emblée un compromis avec un PS qui n'a pas fait le moindre mouvement de rénovation, si ce n'est dans les vagues discours opportunistes d'ente deux tours d'une candidate qui ne représente pas grand chose de plus qu'elle même et quelques proches.

La droite française n'est plus "la plus bête du monde". Elle exprime ses idées sans complexe. Malgré la bataille des chefs, elle s'est réunie. Elle n'a pas peur du pouvoir. On ne peut malheureusement pas en dire autant de la gauche.

1 mai 2007

Bad Godesberg

bad_godesberg

C'était en août 2006, au début de la ségomania qui s'emparait de la France et qui allait aboutir quelques mois plus tard à la désignation triomphale de Ségolène Royal comme candidate socialiste à la présidentielle. Tous les espoirs étaient permis et certains croyaient alors que l'on tenait enfin avec cette femme qui ne mâche pas ses mots celle qui allait enfin moderniser le vieux PS d'Epinay, celle qui ferait prendre au parti de la rose ce virage idéologique fort que tous ses homologues européens ont pris depuis belle lurette.

Jacques Julliard, dans le Nouvel Obs, se prend ainsi à rêver tout éveillé, estimant que "c’est à une sorte de Bad Godesberg rampant, à la française, que nous sommes en train d’assister. Non parce que Ségolène Royal serait un grand cerveau théorique ; mais parce que sa popularité montante a créé autour de sa personne un tel horizon d’attente que chacune de ses paroles se transforme en événement."

Un changement de paradygme sans débat, sans réflexion, simplement par l'action. N'est-ce pas en quelque sorte ce que les vieux éléphants reprochent à Ségolène après son débat avec Bayrou et ses oeillades répétées vers les centristes ?

On retrouve aussi la même idée chez les militants socialistes proches de DSK, comme par exemple Hugues Serraf qui parlait dans son blog, dès novembre 2006, de "Bad-Godesberg ségoliste « par la preuve », plutôt qu'un énième débat théorique sur la nécessité d'un changement."

C'est au congrès de Bad Godesberg, en 1959, que le parti social démocrate allemand (SPD) renonce à sa culture marxiste de lutte des classes au profit d’une politique réformiste, acceptant ainsi l’économie de marché. Jamais le PS français n'a accepté de faire officiellement ce virage théorique qu'il a pourtant enterriné dans la pratique depuis le fameux "tournant de la rigueur" de 1983.

Et ce refus de la clarté est une des clés du paysage politique français depuis trois décennies. Jean Daniel ne s'y trompe pas lorsqu'il explique la semaine dernière dans son éditorial de l'Obs : "Il y a un nom de ville qui est souvent répété lorsque l’on rappelle ces débats, c’est celui de Bad-Godesberg, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. C’est là que les socialistes allemands, en 1959, ont proclamé leur rupture avec toute espèce de collectivisme et leur ralliement à une forme contrôlée de l’économie de marché. Bad-Godesberg n’a cependant cessé de sonner aux oreilles des socialistes français comme l’exemple d’une trahison ou comme le rappel d’une lâcheté."

Je continue de penser que c'est sous la contrainte des urnes et seulement sous cette contrainte que le PS acceptera de changer, d'extraire de son corps malade ceux qui, comme Emmanuelli, veulent encore s'associer à Bové et Besancenot. Je ne pourrais finalement dire mieux que David Abiker dans Bigbangblog : "François Hollande qui est à la tête du PS depuis 10 ans porte une lourde responsabilité dans le surplace idéologique de son parti. Et ce sont les électeurs qui pouraient imposer au PS la refondation entreprise par les socialistes allemands il y a 50 ans."

Espérons-le.

30 avril 2007

Si tel est mon choix

sego

Il y a tout de même des choix que Ségolène Royal n'envisage pas de partager avec qui que ce soit et surtout pas avec les français. Pas de démocratie participative quand il s'agit de choisir son futur premier ministre. Certes, elle ne s'interdit rien. Ni Strauss-Khan, ni Bayrou (ni Emmanuelli, ni Lang, ni Chevènement, ni Montebourg sans doute) mais cela restera avant tout SON choix. A la question d'un journaliste qui lui demande si DSK ferait un bon premier ministre, elle répond donc évidemment oui "si tel est mon choix". A se demander si c'est le premier ministre qui est bon ou si c'est le choix de Madame qui le rend remarquable !

Et pourtant, puisque Ségolène est en contact direct avec les français, puisqu'elle s'abreuve en permanence à la source des idées de nos compatriotes, elle devrait savoir ce qu'ils pensent. Et si jamais elle ne le sait pas, il lui suffit de lire la presse et les sondages. Le candidat centriste François Bayrou est souhaité par 37% des Français comme premier ministre de Ségolène Royal, mais seulement par 19% des électeurs de la candidate socialiste. Ces derniers plébiscitent Dominique Strauss-Kahn (50%), un choix ratifié par 29% des Français.

Ah, la belle démocratie participative risque fort de s'arrêter aux portes de Matignon ...

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